« AUJOURD’HUI
LE RAP EST ENFERME DANS DES PAGES SUR LE NET… JE N’AIME PAS DU TOUT CETTE
VISION. » FUGI
#hipHOPE - Le clip du prochain morceau «
Galbi Majrouh » est prévu pour le Dimanche 02 Mars 2014. On a eu droit au Teaser, il y a quelques
jours. Au visionnage de ce dernier, on distingue l’apparition de plusieurs
drapeaux. Pourriez-vous nous en dire plus sur le clip et sur le contenu de ce
titre ? Et la signification de chaque drapeau ?
#Fugi – Je vais
commencer par parler du son. « Galbi Majrouh » est un Remake du
morceau « Affirmative Acion » du groupe N.T.M feat Nas. Il a été
recomposé par Farid Kalamity. C’est un titre socio-politique. Il comporte trois couplets et
trois refrains
Le texte de ce dernier parle du vécu des miens ; de ceux qui
m’entoure et des personnes qu’on croisent au cours de notre vie, parce qu’au
fond, je pense qu’on se ressemble tous à quelques différences près.
Le clip sera réalisé par « Eagle Vision » qui est dirigé par
mon frère TFK du collectif « Blidian Thugz » de la ville de Blida. Avant
le tournage, j’ai invité les gens à participer au clip, via les réseaux sociaux
et ce qui m’a le plus touché c’est que pleins de jeunes se sont déplacés. Les
habitants de la ville de Bejaïa ont été les premiers à répondre présent à
l’événement, il y avait même des fans venus de Blida ; Jijel ; Mila
et Constantine. J’adresse un grand Merci à tout le monde.
La raison de ce clip est que j’ai voulu partager un truc nouveau avec
« Zawaliya » qui m’écoute. Le but étant de profiter des images afin
de faire passer pleins de messages. Maintenant, je vais vous parler du mariage que j’ai
voulu faire entre l’image et le son « Galbi Majrouh ». Tout d’abord,
l’apparition du drapeau Algérien dans un clip de Rap Dz accentue le fait qu’on
soit tous d’une même famille malgré tous les conflits qui existent. Le drapeau
de la Kabylie c’est en hommage à cette région qui me porte dans ses bras et me
supporte depuis mes débuts. Brûler le drapeau d’Israël en Kabylie c’est comme
voir Ben Laden partager un pétard avec Bob Marley. (Rires) C’est du jamais
vu ! Et par la même occaz, je tenais à faire passer un message à tous mes
frères et mes sœurs en Palestine :
« La Kabylie vous soutient »
#hipHOPE - Génial le concept. On remarque notamment dans le
Treaser, une personne qui brûle un portrait. On aurait voulu savoir de qui il
s'agissait et pourquoi ?
#Fugi - Sur
le clip, j’ai brûlé la photo de Khalida Toumi et des photos de quelques
généraux algériens brûlés par mes intimes. Comme je vous l’avais dit
auparavant, je voulais profiter de l’image pour passer un maximum de messages.
Et il y a aussi un message que je veux faire passer aux rappeurs Dz :
« Salam à tous les anciens qui travaillent encore dur et un grand respect
au nouveau rappeur qui bosse dur aussi sans se venter de ce qu’il produisent.
Vous vous ferez un nom tôt au tard comme le disait ma femme Alah
Yarhamha : Ne te sous-estimes jamais car aux yeux de ceux qui t’aime tu
seras toujours à la hauteur… »
#hipHOPE- Bien. Un message plein de sagesse.
#Fugi : la personne qui a la plus
grande sagesse que j’ai croisée dans le rap dz est sans aucun doute mon grand
frère Chikh Malik. (Fada Vex)
#hipHOPE- je rejoins vos dires. Entre 1998 et 2011, vous avez
été un rappeur actif et productif dans le milieu du Rap Algérien. Entre la
création du groupe « Fuck Mok » ; la sortie de votre album « 2eme Round» ;
vous avez notamment intégré le collectif « Soldat de l’Est » en 2009, sans oublier le
lancement de B Star Records en 2010 avec la sortie de la Mixtape « ENEMY D’ETAT » Vol. 1 ; 2 et 3. Et enfin en
2011, vous signez avec IZEM PRODUCTION. Pourriez-vous nous en dire plus sur le
concept « Ennemi d’ Etat » ? Et pourquoi avoir changé plusieurs fois de collectif ?
Pour moi, les collectifs c’est comme une famille adoptive. Lorsqu’il y a
plus d’amour et que les intérêts des uns passent avant ceux des autres, il vaut
mieux aller vers d’autres horizons
Que vous
dire de plus, je suis un jeune qui a voulu être marié, fonder une famille,
avoir une maison, un job, une vie simple quoi. N’ayant pas eu tout ça, j’ai
choisit la musique à la place. Le rap est le seul psychologue a vraiment me
comprendre.
Et pour
revenir à « Ennemi d’Etat », vivre dans le risque, me permet de me
sentir vivant. Mais le plus important c’est de ne pas oublier qui l’on
est ; ne pas perdre ses valeurs et ses principes et surtout « Ne pas
se vendre comme une savonnette », comme le disait Fab de la Scred
Connexion. (Rires)
#hipHOPE - L’album « 2eme
Round » a connu un réel succès à sa sortie en 2007. Comment avec toutes ces
collaborations et tous ces projets qui ont transformé votre carrière depuis,
concevez-vous la préparation de ce nouveau projet solo ? Pouvez-vous nous en
dire plus ? Et Que ce qui a fait que vous vous êtes retiré de la scène Hip Hop
ces deux dernières années ?
#Fugi - Je ne sais
si c’est du boycottage mais moi je respecte tout le monde. Il y a juste une
nouvelle génération qui essaye de se faire connaître et c’est à nous de les
aider et non leur faire de l’ombre. Néanmoins, il faudra peut être que les
pages Dz commencent à partager les news de rappeurs qui participe à des
concerts plutôt de ceux qui ne savent pas le bonheur que c’est de monter sur
scène. Et puis quand je rentre à la radio d’Alger ou bien lors de concerts dans
n’importe quelle ville, j’ai toujours été bien reçu, je pense que c’est le
principale. Le web n’est pas si important que ça, à part si tu fais du bon son
à ta manière, tu te feras forcément écouté. Et puis si le buzz sur toutes ces
pages nourrissait ma famille, soyez-en sur, j’en serai le propriétaire. (Rires)
#hipHOPE – C’est sur.
(Rires). Le Rap
Algérien a connu une ascension durant les années 90 mais on sent une nette
régression ces dernières années, malgré le fait qu’il y est plus de facilité,
tant en niveau des moyens : matériels, studio, médiatisation...Etc. On aurait aimé avoir votre avis sur la question ?
#Fugi – L’avantage qu’on avait avant, c’est qu’on se rencontrait
tous lors de concerts, festivals... C’était des groupes avec un répertoire
étouffé qui n’avait parfois aucun son enregistré mais on s’en foutait parce que le réel plaisir
était celui de monter sur scène. Et il faut dire qu’il y avait beaucoup plus de
concerts rap à l’époque et les artistes partaient à la recherche de leur public
mais aujourd’hui le rap est enfermé dans des pages sur le net et je n’aime pas
du tout cette vision. Pour ma part, je préfère le contacte humain, quand le
partage se crée directement comme l’était le rap Algérien à ses débuts.
Internet est censé juste donner un coup de pouce et non être l’outil majeur qui
porte cette musique.
#hipHOPE –
Et
à votre avis, pourquoi y a-t-il moins de manifestations culturelles dédié au
rap aujourd’hui ?
#Fugi
– Tout
simplement parce que nos rappeurs ont prit le goût au virtuel. Je trouve ça aberrant
pour un Rap Algérien qui fut le déclencheur du rap dans les pays arabes. Il
faudrait que les groupes organisent eux-mêmes leurs concerts, qu’ils aillent à
la rencontre de leurs publics et qu’ils arrêtent de se prendre pour des stars.
#hipHOPE - Et pour finir, on aimerait revenir
sur la signature du clip. Fait-t-elle l’objet du (Re) nouveau départ de Fugi ?
#Fugi - le (re) nouveaux sera avec une série de clip inchalah ;
avec des chansons qui parlent de la vie du peuple ; de notre État
corrompue et une fois que l’album sera sorti, j’organiserai une tournée en
Algérie, inchallah. Et si mon travail s’arrête et que vous n’entendez plus
parler de moi c’est que je suis embarqué ou mort. (Rires)
Facebook Fugi : https://www.facebook.com/fugiofficiel
Teaser du clip : http://youtu.be/FIbtXw_3Q94