vendredi 28 février 2014

FUGI OU LE RETOUR DE L'ENNEMI D'ETAT




 « AUJOURD’HUI LE RAP EST ENFERME DANS DES PAGES SUR LE NET… JE N’AIME PAS DU TOUT CETTE VISION. » FUGI

  



#hipHOPE - Le clip du prochain morceau « Galbi Majrouh » est prévu pour le Dimanche 02 Mars 2014. On a eu droit au Teaser, il y a quelques jours. Au visionnage de ce dernier, on distingue l’apparition de plusieurs drapeaux. Pourriez-vous nous en dire plus sur le clip et sur le contenu de ce titre ? Et la signification de chaque drapeau ?


#Fugi – Je vais commencer par parler du son. « Galbi Majrouh » est un Remake du morceau « Affirmative Acion » du groupe N.T.M feat Nas. Il a été recomposé par Farid Kalamity. C’est un titre  socio-politique. Il comporte trois couplets et trois refrains
 Le texte de ce dernier  parle du vécu des miens ; de ceux qui m’entoure et des personnes qu’on croisent au cours de notre vie, parce qu’au fond, je pense qu’on se ressemble tous à quelques différences près.
Le clip sera réalisé par « Eagle Vision » qui est dirigé par mon frère TFK du collectif « Blidian Thugz » de la ville de Blida. Avant le tournage, j’ai invité les gens à participer au clip, via les réseaux sociaux et ce qui m’a le plus touché c’est que pleins de jeunes se sont déplacés. Les habitants de la ville de Bejaïa ont été les premiers à répondre présent à l’événement, il y avait même des fans venus de Blida ; Jijel ; Mila et Constantine. J’adresse un grand Merci à tout le monde.

 La raison de ce clip est que j’ai voulu partager un truc nouveau avec « Zawaliya » qui m’écoute. Le but étant de profiter des images afin de faire passer pleins de messages. Maintenant, je vais vous parler du mariage que j’ai voulu faire entre l’image et le son « Galbi Majrouh ». Tout d’abord, l’apparition du drapeau Algérien dans un clip de Rap Dz accentue le fait qu’on soit tous d’une même famille malgré tous les conflits qui existent. Le drapeau de la Kabylie c’est en hommage à cette région qui me porte dans ses bras et me supporte depuis mes débuts. Brûler le drapeau d’Israël en Kabylie c’est comme voir Ben Laden partager un pétard avec Bob Marley. (Rires) C’est du jamais vu ! Et par la même occaz, je tenais à faire passer un message à tous mes frères et mes sœurs en Palestine :                                 
                                                       « La Kabylie vous soutient »  



#hipHOPE - Génial le concept. On remarque notamment dans le Treaser, une personne qui brûle un portrait. On aurait voulu savoir de qui il s'agissait et pourquoi ? 

 #Fugi - Sur le clip, j’ai brûlé la photo de Khalida Toumi et des photos de quelques généraux algériens brûlés par mes intimes. Comme je vous l’avais dit auparavant, je voulais profiter de l’image pour passer un maximum de messages. Et il y a aussi un message que je veux faire passer aux rappeurs Dz : « Salam à tous les anciens qui travaillent encore dur et un grand respect au nouveau rappeur qui bosse dur aussi sans se venter de ce qu’il produisent. Vous vous ferez un nom tôt au tard comme le disait ma femme Alah Yarhamha : Ne te sous-estimes jamais car aux yeux de ceux qui t’aime tu seras toujours à la hauteur… »


#hipHOPE- Bien. Un message plein de sagesse.

#Fugi : la personne qui a la plus grande sagesse que j’ai croisée dans le rap dz est sans aucun doute mon grand frère Chikh Malik. (Fada Vex)


#hipHOPE- je rejoins vos dires. Entre 1998 et 2011, vous avez été un rappeur actif et productif dans le milieu du Rap Algérien. Entre la création du groupe « Fuck Mok » ; la sortie de votre album « 2eme Round» ; vous avez notamment intégré le collectif   « Soldat de l’Est » en 2009, sans oublier le lancement de B Star Records en 2010 avec la sortie de la Mixtape   « ENEMY D’ETAT » Vol. 1 ; 2 et 3. Et enfin en 2011, vous signez avec IZEM PRODUCTION. Pourriez-vous nous en dire plus sur le concept « Ennemi d’ Etat » ? Et pourquoi avoir changé plusieurs fois de collectif ? 


#Fugi - J’ai toujours revendiqué les mêmes thèmes qui touchent de près ou de loin le système Algérien. Je suis un fan des N.T.M, c’est donc logique.
Pour moi, les collectifs c’est comme une famille adoptive. Lorsqu’il y a plus d’amour et que les intérêts des uns passent avant ceux des autres, il vaut mieux aller vers d’autres horizons
Que vous dire de plus, je suis un jeune qui a voulu être marié, fonder une famille, avoir une maison, un job, une vie simple quoi. N’ayant pas eu tout ça, j’ai choisit la musique à la place. Le rap est le seul psychologue a vraiment me comprendre.
Et pour revenir à « Ennemi d’Etat », vivre dans le risque, me permet de me sentir vivant. Mais le plus important c’est de ne pas oublier qui l’on est ; ne pas perdre ses valeurs et ses principes et surtout « Ne pas se vendre comme une savonnette », comme le disait Fab de la Scred Connexion. (Rires)

#hipHOPE -  L’album « 2eme Round » a connu un réel succès à sa sortie en 2007. Comment avec toutes ces collaborations et tous ces projets qui ont transformé votre carrière depuis, concevez-vous la préparation de ce nouveau projet solo ? Pouvez-vous nous en dire plus ? Et Que ce qui a fait que vous vous êtes retiré de la scène Hip Hop ces deux dernières années ?


 #Fugi -  j’ai sortis un best of en 2012 avec « Izem Production ». Ces deux dernières années j’ai eu beaucoup de soucis d’ordre privé. Mais aujourd’hui, il y a un album qui est en préparation. Il devrait sortir avant la fin de l’année. A l’ancienne, j’avais pris l’habitude de balancer mes sons directement sur le net mais la c’est 15 titres en exclu qui apparaitront sur l’Album produit par « Izem Production ». Il y aura trois clips tirés de l’opus et concernant les featuring, je préfère ne pas vous en dire plus… Ca sera une surprise !



#hipHOPE - On va devoir attendre alors. On s’est aperçu que l’on parle très peu de vous sur les actualités des pages de Rap Dz. Est-ce un choix ou bien du boycottage de leur part ? Et qu’en pensez-vous ?

#Fugi - Je ne sais si c’est du boycottage mais moi je respecte tout le monde. Il y a juste une nouvelle génération qui essaye de se faire connaître et c’est à nous de les aider et non leur faire de l’ombre. Néanmoins, il faudra peut être que les pages Dz commencent à partager les news de rappeurs qui participe à des concerts plutôt de ceux qui ne savent pas le bonheur que c’est de monter sur scène. Et puis quand je rentre à la radio d’Alger ou bien lors de concerts dans n’importe quelle ville, j’ai toujours été bien reçu, je pense que c’est le principale. Le web n’est pas si important que ça, à part si tu fais du bon son à ta manière, tu te feras forcément écouté. Et puis si le buzz sur toutes ces pages nourrissait ma famille, soyez-en sur, j’en serai le propriétaire. (Rires)


#hipHOPE – C’est sur. (Rires). Le Rap Algérien a connu une ascension durant les années 90 mais on sent une nette régression ces dernières années, malgré le fait qu’il y est plus de facilité, tant en niveau des moyens : matériels, studio, médiatisation...Etc. On  aurait aimé avoir votre avis sur la question ?

#Fugi – L’avantage qu’on avait avant, c’est qu’on se rencontrait tous lors de concerts, festivals... C’était des groupes avec un répertoire étouffé qui n’avait parfois aucun son enregistré  mais on s’en foutait parce que le réel plaisir était celui de monter sur scène. Et il faut dire qu’il y avait beaucoup plus de concerts rap à l’époque et les artistes partaient à la recherche de leur public mais aujourd’hui le rap est enfermé dans des pages sur le net et je n’aime pas du tout cette vision. Pour ma part, je préfère le contacte humain, quand le partage se crée directement comme l’était le rap Algérien à ses débuts. Internet est censé juste donner un coup de pouce et non être l’outil majeur qui porte cette musique.


#hipHOPE – Et à votre avis, pourquoi y a-t-il moins de manifestations culturelles dédié au rap aujourd’hui ?

#Fugi – Tout simplement parce que nos rappeurs ont prit le goût au virtuel. Je trouve ça aberrant pour un Rap Algérien qui fut le déclencheur du rap dans les pays arabes. Il faudrait que les groupes organisent eux-mêmes leurs concerts, qu’ils aillent à la rencontre de leurs publics et qu’ils arrêtent de se prendre pour des stars. 


#hipHOPE - Et pour finir, on aimerait revenir sur la signature du clip. Fait-t-elle l’objet du (Re) nouveau départ de Fugi ?

#Fugi - le (re) nouveaux sera avec une série de clip inchalah ; avec des chansons qui parlent de la vie du peuple ; de notre État corrompue et une fois que l’album sera sorti, j’organiserai une tournée en Algérie, inchallah. Et si mon travail s’arrête et que vous n’entendez plus parler de  moi c’est que je suis embarqué ou mort. (Rires)  



Liens : 

Facebook Fugi : https://www.facebook.com/fugiofficiel
Teaser du clip : 
http://youtu.be/FIbtXw_3Q94


 


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